Difficile de ne pas voir dans l’attaque de Charlie la menace d’un profonde régression dans notre société. Liberté, tolérance… Qu’aura-t-on encore le droit de publier demain? Devra-t-on écrire en sursis?
C’est une époque légère où tout était bon à dire et à railler, où la satire et la dérision n’étaient pas un commerce de la provocation facile et calculée mais un art de vivre et une respiration nécessaire, qui est remise en question et assassinée avec ces douze victimes. Les traits familiers de Cabu et Wolinski qui nous auront accompagnés depuis plus de quarante ans, disparaissent avec une certaine idée du droit à rire de tout.
Coluche, Desproges, Cavanna et Reiser sont morts libres, avant d’avoir à subir la menace insupportable de ces fanatiques imbéciles d’une lâcheté écœurante. Puissent-ils accueillir quelque part dans de joyeuses et éternelles agapes leurs compères devenus martyres d’un esprit français joyeusement irrévérencieux hérité de Villon, de Rabelais et des Lumières, que rien ne doit venir éteindre.